Page 20 - Annonce No 1
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Pourtant j’aime une rive
Où jamais des hivers
Le souffle froid n’arrive
Par les vitraux ouverts,
L’été, la pluie est chaude,
L’insecte vert qui rôde
Luit, vivante émeraude,
Sous les brins d’herbe verts.
Smyrne est une princesse
Avec son beau chapel;
L’heureux printemps sans cesse
Répond à son appel,
Et, comme un riant groupe
De fleurs dans une coupe,
Dans ses mers se découpe
Plus d’un frais archipel.
J’aime ces tours vermeilles, J’aime de ces contrées Mais surtout, quand la brise
Ces drapeaux triomphants, Les doux parfums brûlants, Me touche en voltigeant,
Ces maisons d’or, pareilles Sur les vitres dorées La nuit j’aime être assise,
A des jouets d’enfants ; Les feuillages tremblants, Etre assise en songeant,
J’aime, pour mes pensées L’eau que la source épanche L’oeil sur la mer profonde,
Plus mollement bercées, Sous le palmier qui penche, Tandis que, pâle et blonde,
Ces tentes balancées Et la cigogne blanche La lune ouvre dans l’onde
Au dos des éléphants. Sur les minarets blancs. Son éventail d’argent.
Dans ce palais de fées, J’aime en un lit de mousses
Mon cœur, plein de concerts, Dire un air espagnol,
Croit, aux voix étouffées Quand mes compagnes douces, Victor Hugo 1829
Qui viennent des déserts, Du pied rasant le sol,
Entendre les génies Légion vagabonde
Mêler les harmonies Où le sourire abonde,
Des chansons infinies Font tournoyer leur ronde
Qu’ils chantent dans les airs ! Sous un rond parasol.
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